philippe vilain
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Une autofiction dans laquelle Philippe Vilain raconte son enfance, interroge son parcours de transfuge et dissèque sa liaison avec une écrivaine célèbre.
Dans Mauvais élève, Philippe Vilain évoque une période déterminante de sa jeunesse en milieu défavorisé, ses années de formation marquées par son échec scolaire et des épreuves qui l'ont vu évoluer, à force de volonté, du lycée technique à l'université, d'une détestation de la lecture à une passion pour la littérature, et l'ont mené, jeune homme, à vivre une histoire d'amour avec une écrivaine célèbre avant d'entrer dans le monde des lettres.
À travers son récit de transfuge, l'auteur poursuit sa quête de vérité et offre un véritable message d'espoir, révélant qu'une vocation peut combattre les déterminismes. -
Diego Maradona est l'exemple type du héros romanesque : parti d'un bidonville, il arrive au sommet, est adulé et côtoie des chefs d'État, avant d'être poursuivi par la justice et de mourir à soixante ans dans la solitude.
Philippe Vilain se propose d'argumenter une défense de Maradona, dont l'aura s'est construite sur une image paradoxale de footballeur talentueux mais peu éthique. Le joueur argentin ne semble apparaître comme un modèle que pour la classe populaire internationale (en témoigne le culte quasi religieux qui lui est encore voué, à Naples et en Argentine notamment) : Maradona fils du peuple est le héros d'une gauche révolutionnaire.
En (d)écrivant ses exploits les plus retentissants, Philippe Vilain nous raconte la geste de Maradona, véritable esthétique politique. -
Un jeune professeur de philosophie d'origine parisienne est muté à Arras. Déçu et nostalgique de la vie parisienne, il rencontre une jeune et jolie coiffeuse, Jennifer, ce qui lui permet d'égayer un peu son existence. Constatant l'écart social et culturel entre eux, il se laisse entraîner dans un amour qu'il n'est pas sûr de vouloir.
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Écrivain « corsaire », poète de l'opposition et cinéaste « à scandale », Pier Paolo Pasolini a été un infatigable polémiste et l'auteur de prophéties éclatantes sur des phénomènes toujours d'actualité (dérive capitaliste, homologation culturelle, consumérisme du superflu, développement sans progrès). Un siècle après sa naissance et 47 ans après sa mort, Pasolini nous est toujours contemporain et constitue un « cas » politico-culturel auquel on se réfère constamment. Héros de la nouveauté mais attentif aux valeurs du passé, révolutionnaire enclin à la contradiction, dévoué au classicisme mais prêt à expérimenter de nouveaux langages, se montrant la plupart du temps déconcertant et ne connaissant pas la tempérance, il a abordé dans son oeuvre infinie et protéiforme (roman, poésie, cinéma, théâtre, essai politique) des thèmes généraux et éternels tels que le destin de l'homme, le mythe de la Nature et de l'Histoire, le sens sacré de la vie et de la mort, en en faisant des sujets de confrontation, de défi et souvent de provocation.
C'est la force et l'inépuisable vitalité de sa voix qui sont le thème de Tout sur Pasolini, un ouvrage qui, avec la contribution de 50 essayistes, universitaires et critiques militants italiens et français, présente les oeuvres intégrales de l'auteur, en soulignant leur profondeur et leur extraordinaire actualité. Comme l'écrit Hervé Joubert- Laurencin dans son essai : « Pasolini n'a cessé de mourir dans notre dernier demi-siècle, et pourtant il est né et n'a jamais cessé de vivre depuis un siècle, d'abord de son vivant, puis dans sa postérité ».
Tout sur Pasolini, sous la forme encyclopédique d'un dictionnaire-laboratoire divisé en rubriques alphabétiques pour une consultation aisée et fonctionnelle, réunit l'ensemble de l'oeuvre de Pasolini et une vaste représentation actualisée de la pensée critique du poète-réalisateur. Du « A » d'Accattone au « C » de Censure, du « R » de Religion au « S » de Sartre, nous passons dans ce volume de la fiction à la poésie, du cinéma au théâtre, des célèbres invectives de Pasolini publiées dans le Corriere della Sera à sa fructueuse fréquentation d'autres disciplines (sémiologie, structuralisme, anthropologie) et des arts tels que la peinture, la musique et la danse. Conçu non seulement pour un public de spécialistes, mais aussi en espérant une nouvelle génération de lecteurs, Tout sur Pasolini offre une large sélection de textes qui, tout en préservant l'exhaustivité et la qualité, optent pour un ton lisible et délibérément non académique.
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Assunta Maresca, dite Pupetta, grandit à Naples, dans les années 1950, sous la coupe d'un père mafioso. Mais Pupetta, la « petite poupée », ne craint rien ni personne.
À dix-neuf ans, alors qu'elle participe à un concours de beauté, son destin bascule. Elle rencontre l'amour de sa vie, Pasquale Simonetti, un boss de la Camorra, qui tombe sous le charme de cette Napolitaine sulfureuse. Le mariage est vite officialisé et rien ne peut contrarier le bonheur de ce couple. Si ce n'est l'assassinat de Pasquale, quatre-vingts jours après la cérémonie.
Pour Pupetta, l'heure de la vendetta a sonné. Son histoire ne cesse alors d'affoler la rumeur de la ville, car cette Madone vengeresse incarne à la fois le courage et l'honneur, la passion et l'héroïsme, mais également toute l'ambiguïté de Naples, à feu et à sang.
Inspirée de faits réels, La Malédiction de la Madone est le portrait fidèle et fascinant de cette pasionaria autant vénérée que redoutée. -
Il n'y a pas une, mais plusieurs Italie s, que dévoilent les 18 auteurs de ce recueil. Bella Italia fait voyager, traverser les Alpes et le temps pour se retrouver dans les souvenirs de ceux qui la présentent. Partageant avec nous des anecdotes plus ou moins lointaines, chacun livre son Italie, tellement différente et si semblable à chaque fois.
Une version du Grand Tour revisité, du Nord au Sud et d'Est en Ouest, qui présente de manière personnelle et originale les merveilles italiennes, de l'Art sous toutes ses formes à la langue, en passant par la cuisine.
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L'autofiction en théorie ; deux entretiens avec Philippe Sollers & Philippe Lejeune
Philippe Vilain
- Transparence
- 4 Septembre 2009
- 9782350510484
L'autofiction est un genre littéraire à la mode, mais il souffre de deux écueils : c'est un genre difficile à définir - entre l'autobiographie et la fiction - et il regroupe des auteurs très différents - Serge Doubrovsky (l'inventeur de l'expression en 1977), Philippe Forest, Camille Laurens, Chloé Delaume...
De nombreux spécialistes de la littérature ont donc tenté de théoriser ce genre hybride, mais cela a produit des effets pervers selon Philippe Vilain : " La surthéorisation dont l'autofiction est l'objet joue en défaveur de sa compréhension théorique. " Bref, à l'hybridité des genres s'ajoute la confusion des idées. L'auteur, qui figure parmi les meilleurs romanciers de sa génération, propose une synthèse dont l'un des plus grands mérites est de s'appuyer sur sa propre pratique de l'autofiction.
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Dans le séjour des corps ; essai sur Marguerite Duras
Philippe Vilain
- Transparence
- 18 Juin 2010
- 9782350510552
Le " séjour du corps ", c'est ce " logement nocturne " que l'homme veut pénétrer à toute force pour le soumettre à sa volonté, qu'il veut habiter afin de percer les secrets qui l'habitent, peut-être d'accéder à sa conscience, d'autopsier son mystère ou lui voler son pouvoir ; c'est ce lieu de la jouissance et de la mort, de l'intimité et de la possession physique, où, écrit Duras, " nous sommes atteintes par le désir de notre amant. C'est là que nous voulons mourir ". Volonté de mort bien trop fugitive, à vrai dire, pour ne pas révéler ce qui fait de ce séjour un moment d'exception : la toute puissance des bonnes moeurs et la tyrannie du devoir conjugal. Ainsi, à l'impératif moral et social de la fidélité en amour, Duras préfère la fidélité à l'Amour même. Certes, cette fidélité conduit nombre de ses héroïnes, prisonnières du devoir, à la folie ; mais elle témoigne surtout de la foi lucide d'un écrivain dans l'événement du désir.
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«Mon père était alcoolique. Ces quatre mots s'imposent aujourd'hui en moi. Longtemps j'ai été sans pouvoir me formuler cette évidence.»
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Ce livre porte sur Naples, ses couleurs, ses fêtes, ses contrastes et ses énigmes : c´est ce qui fait son charme et sa puissance. Pour l´auteur, Naples est plus qu´une ville. C´est là où il faut aller, comme le disait Flaubert. C´est le lieu où se célèbre la vie et où la loi des institutions ne peut rien contre celle de l´amour. Mais surtout, ce livre porte sur les Napolitains et sur la rencontre amoureuse, celle de l´auteur. On pourra ainsi rencontrer une autre Naples, plus authentique, plus vraie et plus juste que celle qu´on a pu rencontrer jusque-là . Dans ce sens, au-delà des descriptions passionnantes, ce livre est un véritable hommage à l´esprit napolitain.
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Écrivains d'Italie
Pierre Adrian, Patrick Autréaux, Mona Azzam, Pierre-Louis Basse, Aomar Benkaci
- GREMESE
- Roma Livres
- 6 Avril 2023
- 9782366773255
Auteurs : Pierre Adrian ; Patrick Autréaux ; Mona Azzam ; Pierre-Louis Basse ; Aomar Benkaci ; Marco Caramelli ; Frédéric Ciriez ; Mark Greene ; Benjamin Hoffmann ; Fabienne Jacob ; Karine Miermont ; Basile Panurgias ; Magali Vilain ; Philippe Vilain.
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« Je n'oublierai jamais le jour où j'ai appris que ma femme me trompait. » Un SMS lu par hasard. Le héros découvre que sa femme a un amant. Et il ne fait aucune remarque, ne modifie pas son comportement. Il observe sa femme, sa femme infidèle. Est-elle bien celle qu'il croyait connaître ? Le choix du silence sauvera-t-il leur couple ?
Le portrait d'un homme trompé, le portrait d'une femme dissimulatrice, le portrait d'un couple éternel.
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«Il y a huit ans, j'ai eu une liaison avec une femme. Elle était divorcée et travaillait comme vendeuse dans un grand magasin. Après toutes ces années, je me demande parfois ce qu'elle est devenue, si elle est plus heureuse maintenant. Les circonstances de la vie nous ont séparés, il est improbable qu'elles nous réunissent un jour. L'écriture est un moyen de la retrouver.»
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«L'année dernière, j'ai rencontré une fille beaucoup plus jeune que moi. Elle avait juste vingt ans. Elle venait de quitter Dresde pour devenir modèle. J'ai su tout de suite que notre histoire serait provisoire.» Philippe Vilain.
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À une époque où la littérature s'industrialise, où l'écriture est devenue une mode et continue d'être un fantasme social, Philippe Vilain écrit à rebours de la tendance contemporaine en affirmant la malédiction qu'est pour lui l'écriture, une passion dans le sens le plus religieux du terme : « Je ne sais faire qu'écrire. Je n'aurais fait que cela de ma vie, écrire. Et je ne le dis pas comme si c'était quelque chose d'admirable, dont je pourrais me vanter, non, au contraire, je le dis avec une certaine autodérision, parce que je n'ai jamais pu et su faire autre chose, parce que, avec les années, l'écriture m'apparaît plutôt comme une malédiction, une incapacité à m'en défaire et à construire une vie tout à fait normale, avec un métier, une maison, un couple et tout le reste. » Ainsi, lui dont l'oeuvre est déjà conséquente, forte d'une dizaine de romans et presque autant d'essais consacrés à la littérature, aurait préféré ne jamais écrire. Parce que l'écriture est avant tout souffrance, qu'elle vampirise les écrivains qui s'y adonnent entièrement, qu'elle les éloigne de la vie réelle. Dans cet essai, Philippe Vilain propose une réflexion générale sur l'écriture à partir de son expérience singulière et passe en revue les éléments prépondérants de son oeuvre : solitude et nécessité, temps et authenticité. C'est le portrait de l'écrivain authentique qui est ici peint.
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C'est l'histoire d'un homme qui joue. Pourquoi joue-t-il ? Pour jouir du moment ? Pour fuir quelque chose ? Paul gagne pourtant convenablement sa vie, il a une femme belle et intelligente qui réussit dans son métier. Rien de flamboyant dans son jeu, pas de casino, de roulette et de mélodrame. Non, le jeu le plus simple, le jeu en ligne, les paris sur des matchs de football. Et c'est précisément parce qu'il est plus simple, qu'il peut s'y adonner de chez lui, qu'il est le plus captivant, dans les deux sens du terme : il le captive, il en est captif.
Sara se méfie, Sara souffre, Sara menace. Paul promet d'arrêter. Il recommence. Il ment. Croit à ses mensonges. Tente d'arrêter. Se désintoxique. Recommence. Et toujours en se donnant les justifications les plus habiles, les plus spécieuses, les plus mensongères, car c'est lui qui raconte l'histoire de son jeu. Et nous comprenons que c'est avec sa vie qu'il joue.
« Je ne la '' touchais plus '', comme elle disait, comme elle en souffrait. Pour le dire de façon vulgaire, je ne bandais pour rien d'autre que me mettre en jeu, miser de l'argent, risquer de le perdre, et, si je baisais quelqu'un, ce n'était jamais que les bookmakers, en me montrant plus perspicace qu'eux. » Cet artiste de la confidence, jusqu'à quel point ne ment-il pas dans son récit même ? Ce qui est certain, c'est que « le jeu est plus fort que le joueur ».
Avec la finesse psychologique qu'on lui connaît, la délicatesse dans l'approche des sentiments violents, Philippe Vilain fait le portrait d'une passion, le portrait d'un couple, le portrait de la nocivité profonde de cette passion sur ce couple.
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Emma Parker a vingt ans. Fille d'un diplomate américain, habituée des soirées de la jeunesse dorée, elle conduit une voiture rouge, porte une jupe rouge, brûle les feux rouges. Tout en elle est rouge d'insolence et d'ambition. Étudiante dans une université parisienne, elle rencontre le narrateur, un écrivain de près de deux fois son âge. Tout va très vite, tout est joyeux : ils s'aiment, ils sortent, ils marchent la nuit dans Paris...
Et tout change soudain, quand Emma apprend à l'écrivain qu'elle souffre d'une maladie peut-être fatale. Une nouvelle histoire d'amour commence, d'autant plus vive que la mort s'annonce. Mais qui est vraiment Emma Parker ? S'inspirant d'une aventure personnelle, Philippe Vilain, grand analyste du sentiment amoureux, donne dans ce roman prodigieusement virtuose une Surprise de l'amour contemporaine.
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Dit-il ; d'après l'ete 80 de Marguerite Duras
Philippe Vilain
- Cecile Defaut
- 12 Octobre 2011
- 9782350183039
Mille neuf cent quatre-vingt-onze : elle a 78 ans, lui, 21.
Les deux avaient connu l'été 80. Pour elle, c'était la période de la rechute dans l'alcoolisme, juste avant de faire, en septembre, la connaissance de Yann Andrea. Lui, il avait 10 ans, l'âge du garçon qui s'allonge dans le sable près de la monitrice anglaise, pour lui raconter des histoires. Ses histoires. En 1991, le 2 janvier, elle est une vieille femme couverte d'ecchymoses ; elle fait tout trop vite, on le sait.
Lui est un bien jeune homme et a réveillonné à Paris. Ce jour-là, il pleut sur le boulevard Saint-Germain. L'étudiant aperçoit cette petite dame frêle pendue au bras d'un homme sécurisant. Il l'aborde, timidement, et elle, Marguerite Duras, dédicace le livre qu'il lui tend, un livre de Platon. Le temps n'a plus d'emprise sur ce qui se passe, sur ce qui s'est passé, sur ce qui va, encore, se passer. Cinq ans et un jour après cette rencontre de la rue Saint-Benoît, Marguerite Donnadieu alias Marguerite Duras meurt.
Vingt ans plus tard, le jeune homme de jadis est devenu à son tour auteur de plusieurs romans, d'essais. Vingt ans plus tard, il nous rappelle ce moment éblouissant, malgré le gris du ciel, et il le fait par deux fois. D'abord dans un essai sorti en 2010, Dans le séjour des corps, puis, entre 2010 et 2011, durant un an, à travers une sorte de roman-journal mémoratif, mémoriel, dans cet ouvrage-même que vous tenez en ce moment entre vos deux mains.
Cette vieillesse du corps qui, chez Marguerite Duras, correspondait inévitablement à une ankylose épouvantable de l'âme et du corps n'avait pas frappé Philippe Vilain, le 2 janvier 1991. Au contraire. C'étaient la jeunesse de sa silhouette, sa fragilité, la vivacité de ses yeux, de ses gestes. Marguerite Duras, pour lui, restera toujours liée à l'image, fantasmée, de cette monitrice de l'été 80. Depuis, "l'amour sera romanesque ou ne sera pas", écrit-il.
La confusion initiale - et jamais guérie - entre le réel et le romanesque débuta à ce moment-là et amena même l'auteur à se rendre, comme l'aurait fait le petit garçon de l'été 80, au rendez-vous donné par la monitrice. Suivant ses calculs, ce serait le 12 juillet 1992. Que se passa-t-il ce jour-là ? Que se passe-t-il, quand un lecteur, devenu écrivain, s'identifie et vit le roman ? Qui écrit ? Qui est écrit ? Dans la maison de la vie, les histoires se défont.
Philippe Vilain nous en raconte plusieurs, ici, de ces histoires, les siennes, les leurs. Les lieux, les non-lieux. De l'écriture.
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Mille-neuf-cent-quatre-vingt-onze: Elle a 78 ans, lui, 21. Les deux avaient connu l'été 80. Pour elle, c'était la période de la rechute dans l'alcoolisme, juste avant de faire, en septembre, la connaissance de Yann Andrea. Lui, il avait 10 ans, l'âge du garçon qui s'allonge dans le sable près de la monitrice anglaise, pour lui raconter des histoires. Ses histoires. En 1991, le 2 janvier, ELLE est une vieille femme couverte d'ecchymoses ; elle fait tout trop vite, on le sait. LUI est un bien jeune homme et a réveillonné à Paris. Ce jour-là, il pleut sur le boulevard Saint-Germain. L'étudiant aperçoit cette petite dame frêle pendue au bras d'un homme sécurisant. Il l'aborde, timidement, et elle, Marguerite Duras, dédicace le livre qu'il lui tend, un livre de Platon. Le temps n'a plus d'emprise sur ce qui se passe, sur ce qui s'est passé, sur ce qui va, encore, se passer.
Cinq ans et un jour après cette rencontre de la rue Saint Benoît, Marguerite Donnadieu alias Marguerite Duras meurt. Vingt ans plus tard, le jeune homme de jadis est devenu à son tour auteur de plusieurs romans, d'autofictions, d'essais. Vingt ans plus tard, il nous rappelle ce moment éblouissant, malgré le gris du ciel, et il le fait par deux fois. D'abord dans un essai sorti en 2010, Dans le séjour des corps, puis, entre 2010 et 2011, durant un an, à travers une sorte de roman-journal mémoratif, mémoriel, dans cet ouvrage-même que vous tenez en ce moment entre vos deux mains.
Cette vieillesse du corps qui, chez Marguerite Duras, correspondait inévitablement à une ankylose épouvantable de l'âme et du corps n'avait pas frappé Philippe Vilain, le 2 janvier 1991. Au contraire. C'étaient la jeunesse de sa silhouette, sa fragilité, la vivacité de ses yeux, de ses gestes. Marguerite Duras, pour lui, restera toujours liée à l'image, fantasmée, de cette monitrice de L'Eté 80. Depuis, " l'amour sera romanesque ou ne sera pas ", écrit-il. La confusion initiale - et jamais guérie - entre le réel et le romanesque débuta à ce moment là et amena même l'auteur à se rendre, comme l'aurait fait le petit garçon de L'Eté 80, au rendez-vous donné par la monitrice. Suivant ses calculs, ce serait le 12 juillet 1992. Que se passa-t-il ce jour-là ? Que se passe-t-il, quand un lecteur, devenu écrivain, s'identifie et vit le roman ? Qui écrit ? Qui est écrit ? Dans la maison de la vie, les histoires se défont. Philippe Vilain nous en raconte plusieurs, ici, de ces histoires, les siennes, les leurs. Les lieux, les non-lieux. De l'écriture.
Né en 1958, l'auteur vit à Bruxelles. Il est l'auteur de nombreux romans et essais dont l'Etreinte (Gallimard, 1997), La dernière année (Gallimard, 1999), Le renoncement (Gallimard, 2001), L'été à Dresde (Gallimard, 2003), Paris l'après-midi (Grasset, 2006, prix François Mauriac de l'Académie française), Faux-père (Grasset, 2008), Confessions d'un timide (Grasset, 2010), Pas son genre (Grasset, 2011).
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«Les volets de la chambre étaient déjà fermés, les rideaux tirés, le lit impeccable. Des fleurs sur la table de nuit. Elle m'a dit de me déshabiller. Elle a enlevé sa veste de tailleur et a fait glisser sa jupe le long de ses jambes. Je me suis retrouvé tout nu devant elle, petit garçon laissant volontairement pendre mes mains tremblantes pour protéger mon sexe de son regard qui semblait me transpercer. J'éprouvais à la fois un désir irrépressible de lui faire l'amour et de la répulsion en découvrant son ventre, ses cuisses ceinturées par l'armature du porte-jarretelles, cette partie du corps affriolée de soie, ces dessous que, dans l'embrasure d'une porte mal fermée, j'avais parfois, malgré moi, entrevus sur le corps de ma mère.»
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"Arrogance.
Je n'ai jamais cessé d'aimer ce nom aux sonorités douces qui s'associent d'emblée pour moi à celles d'élégance, comme pour m'inviter à songer que l'insolence et le mépris signent, au fond, une certaine distinction de l'esprit".
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Le constat de Philippe Vilain n'est pas flatteur : la littérature française contemporaine est en proie au désenchantement. Quelles sont les raisons de ces écrits consensuels et dociles, qu'ils soient sociologiques ou narcissiques ? L'abandon de la recherche du style est sans conteste la première. Qui se soucie de l'écriture, de la forme ?
À travers une relecture des écrivains les plus contemporains, Philippe Vilain révèle tout un mouvement de délégitimation de la notion d'idéal esthétique et s'interroge sur la place et la fonction de la littérature aujourd'hui.
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Narcisse, c'est l'écrivain l'autofiction d'aujourd'hui. On reproche son impudeur, son égocentrisme, son amoralisme. En autant de chapitres qui reprennent ces accusations (« l'impudeur autobiographique » ; « petits meurtres entre amis : un genre sans éthique »...), Philippe Vilain leur fait un sort.
Rappelant les origines du genre, de saint Augustin à Montaigne, Philippe Vilain montre que le reproche d'égocentrisme fait à ce qui ne s'appelait pas encore « autofiction » a toujours existé, et a toujours été faux. Loin de chercher à promouvoir son « moi » dans une entreprise publicitaire, l'écrivain d'autofiction vise au contraire une leçon plus générale. Narcisse, ce n'est pas seulement moi, Narcisse, c'est nous.
Ne se plaçant pas seulement sur le terrain théorique, Philippe Vilain s'appuie sur une expérience personnelle, sa relation avec Annie Ernaux, qui a elle-même écrit un livre sur le sujet (L'Occupation, Gallimard, 2001). Une histoire d'amour devenant des livres successifs, n'est-ce pas l'objet même de l'autofiction ?
Le livre se conclut par un long et passionnant entretien où Serge Doubrovsky, l'inventeur du mot « autofiction », et de la chose, confie : « l'Autofiction, pour moi, ne ment pas, ne déguise pas, elle énonce et dénonce dans la forme qu'elle s'est choisie. » -
Paris, place du Châtelet, un après-midi d'été. Un homme aborde une femme, grande, mince, des lunettes de soleil dans les cheveux. Elle rayonne. Sa beauté s'impose comme une évidence. Ils deviennent amants, par jeu, sans bien savoir s'ils s'aiment. Pourtant, Flore Jensen est mariée, apparemment heureuse dans son couple. Avec cet amant-là, ce n'est plus son mari qu'elle trompe, c'est l'ennui. Ou une blessure plus profonde encore... ? Paris l'après-midi présente un regard inattendu sur l'adultère : alors que, d'habitude, il est observé du point de vue de la femme, c'est ici l'amant qui le raconte. Et qui, finalement, devient objet à la place de la femme. ? Eminemment contemporain, Paris l'après-midi nous montre un type d'homme ballotté et indécis. Mais c'est un indécis qui sait ce qu'il veut. Dans les affaires d'amour, toutes les ruses sont permises si on veut arriver à son bonheur. ? ?