Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Robi Morder
-
Les étudiants : ils sont à peine 100 000 à la Libération.
Aujourd'hui le chiffre de deux millions est bien dépassé. S'opposant au " contrat première embauche ". ils revendiquent le droit au travail, la défense du Code du travail et donnent corps à une " prophétie " vieille de soixante ans que leurs aînés issus de la Résistance, avaient inscrite dans la charte de Grenoble, adoptée en 1946 par l'UNEF : " L'étudiant est un jeune travailleur intellectuel. " Ce qui n'était que proclamation en 1946, et même encore en 1968, est devenu une réalité sociologique.
C'est elle qui explique l'unité de front entre syndicalisme salarié et mouvements de jeunes sur tout ce qui touche au contrat de travail et aux qualifications. McDo, Virgin, Pizza Hut : salariés-étudiants ou étudiants-salariés ? C'est désormais vécu comme un même combat. Les étudiants ont marqué à plusieurs reprises la vie politique de la France. Au-delà de ces mobilisations ponctuelles, ils se sont organisés en acteur collectif, en " mouvements ", dans de nombreuses sphères qui parfois s'entremêlent : syndicale, associative.
Politique, confessionnelle, mutualiste, culturelle, sportive. Quant aux moyens d'action adoptés en 1946. ils semblent appliqués à la lettre : " Pétitions et lettres ouvertes, manifestations d'ensemble, monômes revendicateurs ". rien que du très classique répertoire d'action syndical. Mais aussi, " grèves d'abstention, grèves d'occupation, monômes dévastateurs " en cas de " violation très grave de la déclaration des droits et devoirs de l'étudiant ", la " reconnaissance de la gravité de cette violation par l'ensemble des étudiants et des travailleurs " et la " certitude d'avoir l'assentiment populaire ".
Le CPE est bel et bien une atteinte grave et les sondages, comme les manifestations et les grèves révèlent " l'assentiment populaire ". Ainsi les questions posées en 1946 demeurent d'actualité.
-
Quand les lycéens prenaient la parole
Didier Leschi, Robi Morder
- Syllepse
- Germe
- 5 Avril 2018
- 9782849506677
Le 10 mai 1968, les lycéens créent la surprise en rejoignant par milliers les étudiants dans la « nuit des barricades ».
On découvre alors les Comités d'action lycéens (CAL).
Dans les manifestations, dans les 300 lycées occu- pés, de jour comme de nuit, ces jeunes qui n'ont pas encore le droit de vote s'organisent en assemblées, commissions, comités, rédigent des cahiers de reven- dications, élaborent des projets de réforme tout en participant à la révolution de Mai. L'un d'entre eux, Gilles Tautin, y perdra la vie.
Au cours de ces « années 68 », le mouvement lycéen passe de la dépendance à l'autonomie et, toujours plus nombreux dans la rue et dans la grève. Il symbolise le « péril jeune » qui effrayait tant les conservateurs.
En 1973, la jeunesse lycéenne fédérera des cen- taines de milliers d'étudiants, de collégiens, d'élèves du technique contre la réforme des sursis militaires.
On les retrouvera nombreux dans les comités de sol- dats et au Larzac.
Mais après le premier choc pétrolier vient la crise, le chômage. La contestation de l'ordre établi paraît moins virulente, les revendications anti-autoritaires laissent place à des préoccupations plus syndicales.
Les réformes scolaires, celles des ministres Fontanet en 1974, Haby en 1975 et 1976, sont au coeur des luttes, et de plus en plus la question de l'emploi. Aux mouvements printaniers ont succédé les mobilisations d'automne.
Certes, la spontanéité, l'inventivité demeurent, mais l'insouciance n'est plus. 68 s'éloigne avec la succession des générations...
Quand les lycéens prenaient la parole est une contribu- tion à l'histoire de cette décennie qui a mis la jeunesse scolarisée sur le devant de la scène.
Les auteurs, témoins et acteurs de ce mouvement lycéen, ont l'ambition de donner des repères et faire comprendre le climat de l'époque. Le livre donne une grande place aux documents : tracts, dessins, journaux.
Des acteurs de l'époque, ces « élites obscures » comme les appellent le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier-mouvement social (éd. de l'Atelier), qui ont alors entre 16 et 18 ans, livrent leur témoi- gnage sur le « moment 68 » : le cinéaste Joseph Morder raconte « comment j'ai eu mon bac en 68 » au lycée Turgot ; Colette Portman évoque les collégiennes des Comités d'action de l'enseignement technique ; Pa- trick Rozenblat (lycée Jacques-Decour, Paris) ; Jacques Syrieys (lycée de Rodez). L'historien Didier Fischer évoque le CAL de Rambouillet dont il a retrouvé les archives.
-
Démocratie et citoyennetés étudiantes depuis 1968
Jean-Philippe Legois, Marina Marchal, Robi Morder, Collectif
- Syllepse
- Germe
- 15 Septembre 2020
- 9782849508923
Démocratie et pouvoir étudiant?: la période «charnière», voire «refondatrice», des «années 1968» est passée au crible. La citoyenneté étudiante d'aujourd'hui est examinée dans cet ouvrage, non seulement en France mais aussi dans d'autres pays.
Les auteur·es explorent divers aspects de la citoyenneté institutionnelle (les élu·es dans divers conseils) et de la citoyenneté en mouvements (assemblées générales, coordinations). Question sans cesse renouvelée, que ce soit avant 1968 ou après, les réformes accordant, ou restreignant, la participation étudiante?: la démocratie représentative et la démocratie directe sont-elles concurrentes, opposées ou complémentaires?
Plusieurs thématiques font l'objet d'une attention particulière, avec, en France, la gestion et la cogestion étudiantes, les élections universitaires, le pouvoir étudiant en Sorbonne, à Vincennes autour de 1968, le mouvement contre le CPE. On y questionne aussi la différence de statut des universités entre les sociétés démocratiques et les sociétés autoritaires.
Ce livre est l'aboutissement d'un programme de recherche mené par la Cité des mémoires étudiantes et le Centre d'histoire sociale du 20e siècle (Université Paris 1), avec le concours du Groupe d'études et de recherche sur les mouvements étudiants (Germe) et le soutien de la région Île-de-France.
-
étudiant(e)s du monde en mouvement ; migrations, cosmopolitisme et internationales étudiantes
Robi Morder, Caroline Rolland-diamond
- Syllepse
- Germe
- 7 Juin 2012
- 9782849503485
Franchissant les frontières pour parfaire leur formation ou pour fuir la répression, les étudiants construisent un cosmopolitisme qui brasse les idées et les expériences en nouant des relations avec les mouvements étudiants des pays d'accueil et en construisant des organisations internationales.
C'est ce que relatent les auteurs de la première partie de ce livre et ce dont attestent les témoignages de fondateurs de l'Union internationale des étudiants née après la guerre, en 1945, après une Libération porteuse d'espoir.
Cet espoir d'un monde pacifié, c'est aussi celui qui, au début du 20e siècle, voyait les autorités encourager la venue des étudiants étrangers dont on s'enorgueillissait alors du nombre. Cependant, avec la crise des années 1930, la xénophobie et l'antisémitisme s'installent. Dans la seconde partie de l'ouvrage, les auteurs portent un regard original sur ce qui se passait alors dans les universités de Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg et Lille.
Les études sur l'organisation de cet internationalisme particulier n'ont été que trop rares. Là est l'originalité du présent ouvrage dont les chapitres rédigés par les spécialistes de la question réunis par le Germe s'accompagnent de documents iconographiques issus de collections de la Cité des mémoires étudiantes installée à Aubervilliers (93).